
Titre : Un pays de fantômes
Auteurice : Magaret Killjoys
Traducteurice : Mathieu Prioux
Maison d’édition : Argyll
Genre : Fantasy
Date de publication : 2014
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Vous connaissez Margaret Killjoys ? Cette femme trans est née en Décembre 1982 aux Etats Unis. C’est une militante anarchiste, féministe et antifasciste, autrement dit, une personne que j’inviterai sûrement à boire le thé avec joie chez moi et avec qui j’adorerai passer la nuit à parler politique, littérature et musique. Ah oui, parce qu’en 2018, elle a fondé le groupe de Black metal féministe Feminazgul, et je vous recommande vraiment de les écouter. Mais elle ne s’est pas arrêtée là : de 2017 à 2016, elle a été rédactrice en chef de Steampunk magasine. Et en 2009, elle a écrit avec d’autres auteurices comme Alan Moore et Ursula K. Le Guin : Mythmakers and Law breakers : Anarchist writers on fiction. Et croyez-moi, cela me titille grave de me trouver un exemplaire pour cet été. Question roman, il y a une saga en cours d’écriture : Danielle Cain dont le premier tome, L’agneau égorgera le lion qui paraîtra le 13 Septembre 2024 aux éditions Argyll.
Mais là, on va s’intéresser à un super roman de fantasy : Un pays de fantômes et deux mots clignotent si on veut parler de ce livre : Utopie anarchiste ! Ce roman a été publié en 2014 aux Etats Unis et l’année dernière en France en 2023. Il a été traduit par Mathieu Prioux. Qu’est -ce que cela raconte ? Nous sommes dans l’empire Borolien qui est dans une vague d’industrialisation massive et d’expansionnisme. Or, dans les Cerracs, il y a des villages et des villes de montagne. L’Empire se sent évidemment obligé de les envahir. Nous, on suit un journaliste en disgrâce, Dimos Horacki, qui est envoyé au front pour écrire au papier élogieux sur un général. Or, tout se passe mal puisqu’il est capturé par des anarchistes de Hron. Dimos va parcourir ces villages de montagne et observer ce pays.
Au début, Margaret Killjoys nous présente en moins d’un chapitre l’empire Borolien. Il ressemble à une merveille technologique type XIXème siècle avec un super système ferroviaire des usines, des années super efficaces. Par une simple Ballade de Dimos dans la capitale, pourtant, le vernis éclate sous nos yeux. On y voit les quartiers mal famés, les logements insalubres, le grand écart entre les classes. On voit aussi que l’information s’est transformée en propagande parce que Dimos a été mis au placard car il a écrit un article critiquant légèrement le régime. On l’envoie donc sur le front, en le gavant de luxe et de nourriture pendant le trajet pour qu’il écrive un bon papier. Or, sur le front, Dimos voit les réalités de la guerre : les combats sont loin d’être gagnés car, selon les soldats, des terroristes sapent les efforts de la si belle armée qui s’avère être cruelle.
Quand Dimos est capturé par les rebelles, il est très surpris d’être épargné parce que c’est un journaliste. Il désire que ses kidnappeurs sont des anarchistes. Par les yeux de Dimos, on va voir qu’un pays peut vivre selon des règles anarchistes. C’est un peu un programme politique appliqué si on veut. Dimos va poser des questions avec un point de vue impérialiste. Ses convictions vont ainsi voler en éclats au fur et à mesure et il va découvrir une contrée sans argent, avec une économie sociale et avec une low technologie. On comprend aussi pourquoi ces personnes sont considérées comme terroristes par l’Empire Borolien, nous faisant ainsi réfléchir sur la requalification d’un mouvement par le régime en place.
Dans un second temps, ou voit aussi une part de vernis de l’anarchie éclater. On voit bien sûr que ce n’est pas parfait et que l’anarchie elle-même doit être encadrée pour que cela fonctionne. Et pourtant, c’est avec ces « défauts » qu’on se pose des questions sur ce qui serait le mieux pour nous. Parce que cette anarchie fonctionne bel et bien et on se surprend à vouloir parcourir ces contrées plus ou moins accueillantes, plus ou moins justes. On y développe les thèmes les plus divers comme, le travail, l’éducation, l’économie, l’écologie, les relations diplomatiques, le handicap, la solidarité, les relations personnelles et familiales.
Ce roman, en moins de 500 pages, arrive à nous transporter. Margaret Killjoys utilise les récits paniers d’Ursula K. Le Guin : on ne raconte pas un vraiment le récit d’une aventure mais plus un voyage. C’est de ce voyage, ou va se nourrir de différentes vies, de plusieurs modes de vie, de beaucoup de paysages. Et pourtant, ce n’est pas un récit contemplatif car il se passe toujours quelque chose. Et chaque événement, chaque nouveau lieu et chaque nouvelle personne rencontrée vous fera réfléchir sur quelque chose. Ce roman vous fera penser autrement. A vous de voir ce qu’il peut vous offrir, ce que vous pouvez lui prendre aussi.
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