
Titre : Le démon de Maître Prosper
Autrice : K.J. Parker
Traducteur : Michel Pagel
Maison d’édition : L’Atalante
Genre : Fantasy
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C’est une histoire vieille comme le monde, vous allez me dire : Je suis allée chez mon libraire. Il m’a dit qu’il avait un livre. Mais qu’il ne l’avait plus en stock Après la folie des vacances d’été, on se retrouve, on se demande comment on va. Et il me dit qu’il a de nouveau ce livre en stock. Ce livre, c’est Le démon de Maître Prosper de K.J. Parker, publié chez l’Atalante. K.J Parker, c’est un pseudo féminin utilisé par Tom Holt, un écrivain britannique. Je trouve cela amusant parce que, d’habitude, ce sont les femmes qui prennent un pseudo masculin. Je n’ai malheureusement pas trouvé la raison de ce surnom mais si vous avez la réponse, dites le moi en commentaires parce que je suis très curieuse.
KJ Parker, c’est un écrivain prolifique. Et je dois vous avouer que je ne connais aucune de ses sagas. Il y a la série Loredan qui est dans ma bibliothèque, je pense, et la série Le Charognard. Ces deux sagas sont publiées chez Bragelonne. Quant au Démon de Maître Prosper, c’est aussi le premier tome d’une saga. Il y a en effet un deuxième tome appelé The Inside man mais il n’est pas encore traduit. La personne qui s’est occupée de la traduction est Michel Pagel, un des traducteurs attitré de chez l’Atalante.
Quant au pourquoi j’ai dit oui au Démon de Maître Prosper. Et bien… Cela faisait trois mois que je n’avais pas vu mes libraires, ce qui est déjà une souffrance en soit. C’est un roman court : 96 pages. Hugo, mon libraire, me l’a présenté sans aucun synopsis et je dois dire que c’est le spécialiste pour trouver des romans atypiques. Autant vous dire que j’étais emballé juste quand il m’a dit que cette novella était sensass. Et surtout, j’avais un trajet à faire en métro. Il me fallait bien quelque chose à lire, vous me direz !
Le Démon de Maître Prosper, c’est l’histoire d’un exorciste anonyme qui raconte sa dernière mission. Il en profite pour raconter un peu sa carrière et son histoire mais aussi ses pensées. C’est littéralement un extrait de journal ou de confession, selon moi. Et en très peu de pages, on cerne de suite que ce n’est pas vraiment un exorciste dit classique mais plutôt une espèce de Constantine, vous savez, cet électron libre que l’on croise dans les comics Hellblazer ? Quant à cette mission de Maître Prosper, et bien elle semble bien ardue et elle va lui poser quelques dilemmes, qu’il va bien entendu nous exposer.
L’histoire commence avec cet exorciste qui se réveille à côté d’une prostituée morte et il doit cacher le corps. Et là, on sait déjà que ce roman ne sera pas classique, que la moralité de cette personne pourrait paraître ambigüe. Et bien évidemment, il doit fuir la ville où il se trouve. C’est en deux ou trois paragraphes que je me suis dit que cette personne, c’était un Constantine du Moyen Age. Vous voyez ? Et je dois dire qu’après lecture, je suis plus ou moins d’accord avec cette idée première. Faisons le jeu de la comparaison.

Déjà ce sont deux exorcistes et deux anti héros : en effet, pour rappel, John Constantine est un maître des arts occultes qui se bat constamment contre des forces démoniaques. il se sait condamné à l’Enfer parce qu’étant jeune, il a tenté de se suicider parce qu’il voyait des démons. Or, quand on prend le “règlement” de l’Eglise catholique, les personnes qui s’ôtent eux-mêmes la vie sont interdits de Paradis. John Constantine se bat contre les démons pour “mériter” son ticket pour une meilleure après vie. Quant à notre exorciste, il est un peu pareil parce qu’on sait qu’il voit des démons, contrairement au reste du monde. C’est un don, un pouvoir qui place automatiquement ces personnes dans la fonction d’exorciste. Et c’est un peu comme la profession de bourreau, c’est devenu un paria. On sait rapidement aussi que son premier exorcisme, c’est le sien puisqu’un démon était entré dans le ventre de sa mère alors qu’il était encore une fœtus. Et ce démon, on va le retrouver tout au long de sa vie. Par contre, on se rend vite compte que les exorcistes, dans ce monde, sont très vite livrés à eux mêmes, sans aucun soutient de leur Eglise. Cela en fait, comme John Constantine, un personnage un peu désabusé, avec un humour plutôt cynique. Et c’est essentiel de comprendre ce trait de caractère avant d’avancer un peu dans l’histoire car étant notre narrateur, vous aurez un rapport à son image.
L’une des choses que notre exorciste va nous dire est essentielle : les humains meurent très facilement. Par contre, les démons sont immortels. Et ils suivent un grand plan. Lui, n’est pas là pour anéantir leur plan car il est humain et donc très fragile. Par contre, il est là pour les contrarier un max. Sa seule règle c’est qu’il ne faut à aucun prix négocier avec un Démon. Or, après cette fuite suite au meurtre d’une prostituée, il change de ville et se rend compte que le démon de son enfance va tenter de posséder le fils du Duc qui va naître. Il va vérifier son intuition. Et là, quelle est sa surprise quand il se rend compte que non seulement le fœtus est déjà possédé mais qu’en prime, Maître Prosper, le futur instructeur de cet enfant, est possédé lui aussi, par un démon qu’il en connaît pas.
Le dilemme est là : s’il exorcise le démon du bébé, celui ci ne survivra pas. Le Duc va le tuer, lui et le démon de Maître Prosper va s’en sortir. S’il épargne le bébé et exorcise le démon de Maître Prosper, un véritable génie de son temps, les gens sauront que Maître Prosper était possédé et donc toute son œuvre va être décrédibilisée et détruite et un démon possèdera un futur puissant du Royaume. Et si la seule solution de notre exorciste était de négocier ? Or, c’est la seule règle qu’il s’impose.
Et oui ! Le démon de Maître Prosper est petit … Mais hyper dense. En quelques pages, on se rend compte de plusieurs choses. Déjà, à aucun moment, nous n’avons le nom de l’exorciste. Alors que c’est notre narrateur. Même, le titre de notre roman est le démon de Maître Prosper. Dans la ville où nous nous trouvons, on sait de suite que cet exorciste n’est pas le bienvenue. Pourtant, cet univers a l’air d’être envahi de démons puisque notre exorciste en voit très souvent du coin de l’œil. Et jamais on ne le remercie, jamais on le protège. On l’efface tout le temps. Et on sent bien qu’il y a du ressentiment derrière tout cela.
Et puis il y a ces enjeux moraux. En effet, le point essentiel est bien celui là : Maître Prosper. Comment juger si une l’œuvre d’une personne est influencée par des démons si on sait qu’il est possédé ? La fameuse question de : doit on séparer l’artiste de l’homme en fait ? Et cette question est vraiment d’actualité quand on voit les différents artistes de notre monde qui se révèlent être des personnes pas du tout sympathiques, voire criminelles. Citons le plus évident : Picasso. Et le plus actuel : Gérard Depardieu. Et il y en a pléthore. Par cette simple novella, l’auteur nous pose cette question qui nous taraude tous.tes en ce moment et qui est importante. Et chaque personne aura sa propre réponse, j’imagine.
Je ne vous en dis pas plus sur ce roman même si j’aimerai vous en écrire des pages entières. Mais c’est vraiment une novella qui m’a marquée, tant par son style que par les sujets qu’elle traite. Je l’ai tellement aimé que j’en ai fait un épisode sur Choixpitre où j’ai fait d’autres thèmes. Vous pourrez l’écouter ici :
Et bien entendu, si le deuxième tome est traduit, on en reparlera. Bonne lecture !
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