
Titre : L’ange du Chaos
Auteur : Michel Robert
Saga : L’agent des ombres
Numéro de tome : 1
Maison d’édition : Editions l’Homme sans nom
Genre : Fantasy
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Des sagas de fantasy, j’en ai lu pas mal et j’avoue que je commence à reconnaître les schémas, surtout en dark fantasy. C’est un sous-genre où l’ambiance est très sombre, avec des anti-héros souvent fatigués par les épreuves qu’ils ont subies. Ils sont d’humeur sombre et font souvent des choix à la limite de la moralité. Alors, quand AK Dallas me demande si je connais la saga L’Agent des Ombres, une saga écrite par Michel Robert et publiée chez 12.21, je me demande ce que peut donner une dark fantasy écrite par un auteur français.
L’Agent des Ombres raconte la vengeance de Cellendhyll de Cortavar. Il était Aspirant au service de la Lumière, mais a été trahi par ses amis et accusé de meurtre. Laissé pour mort, il a été sauvé par Morion du Chaos, qui l’a formé pour devenir Agent des Ombres. Dix ans plus tard, une mission confiée par Morion va permettre à Cellendhyll de se venger.
Et nous, dans tout ça ? Eh bien, je vais me faire un plaisir de décortiquer cette œuvre, qui m’a beaucoup plu même si je ne suis pas d’accord sur tout.
Un héros sombre et marqué par la vengeance
Cellendhyll est un personnage très intéressant. Au début de sa carrière, c’était incontestablement le champion de la Lumière. Il allait faire partie de l’élite, était amoureux d’une jeune noble et était entouré d’un groupe d’amis. Sauf que voilà, ses amis ne supportaient pas qu’un noble de petite extraction soit élevé à un poste aussi important. Sauvé par le Chaos, on retrouve un Cellendhyll méfiant envers la gent féminine et qui a du mal à se lier d’amitié.
Et pourtant, il se réalise dans le Chaos. Il mène une carrière très réussie chez les Agents des Ombres, Morion le respecte, il a des amis malgré tout et, s’il dépassait un peu son trauma (et on verra s’il le fera), il y a des jeunes femmes prêtes à entamer une histoire avec lui. Et comment va-t-il faire ? Eh bien en se vengeant. Et on sent bien tout au long du récit que chaque étape de sa vengeance lui permet d’évoluer.
Un héros façonné par ses relations
Et pourtant, ce n’était pas gagné, et cela s’explique par les relations qu’il a eues et qu’il a avec les autres.
Déjà, n’oublions pas qu’il a été trahi, jeune adulte, par ses amis et par la femme qu’il aimait. De cette trahison, il a perdu sa famille et sa patrie. C’est quelqu’un en état d’alerte constante, persuadé qu’il ne peut faire confiance à personne. Et avec son métier, ce n’est pas fait pour l’aider non plus.
La première chose qui l’a aidé, c’est Morion, qui lui a donné un toit, un but, un cercle de personnes, une formation. Il ne le juge pas et lui offre une grande liberté d’action.
Au niveau des personnages féminins, certaines femmes lui démontrent qu’il peut avoir confiance, voire qu’il peut développer son désir et une certaine camaraderie.
Avec ces points, ainsi que son look toujours sombre, et son humeur toujours taciturne, Cellendhyll est un personnage de dark fantasy. Mais tout ceci se retrouve aussi dans les thèmes du roman.
Un monde corrompu où le bien et le mal s’effacent
On a, en toile de fond, cette bataille constante entre les forces de la Lumière, celles du Chaos et celles des Ténèbres. Par contre, ne vous fiez pas aux titres pour les situer.
Dans ce premier tome, les Ténèbres sont les seules à respecter leurs engagements : dominer le monde par la guerre. Cela va peut-être vous surprendre, mais au début du livre, c’est bien le clan de la Lumière qui commence les hostilités ! En effet, c’est la Lumière qui mobilise ses troupes pour étendre son territoire et menacer le clan des Ténèbres. On devine un plan d’existence dirigé par des gens étroits d’esprit et manifestement corrompus. Au milieu de cela, le Chaos tente tant bien que mal de conserver l’équilibre.
On ne va pas se mentir : ces schémas, on les a vus cent fois dans les romans.Et en dark fantasy, il y a toujours un ver dans le fruit du côté censé être « lumineux ». Ce schéma permet de nous repérer dans cet univers.
Un héros qui défie les règles
Ainsi, on pourra juger du comportement héroïque de notre personnage principal en fonction des autres protagonistes. Cellendhyll est un excellent combattant, et Michel Robert n’hésite pas à en mettre des caisses : même blessé, il est dangereux. Et peut-être même que vous trouverez, parfois, qu’il prend des décisions moralement discutables.
Cela montre deux choses :
- Cellendhyll n’évolue pas dans un monde héroïque mais bien dans un monde corrompu.
- S’il veut s’en sortir, il doit jouer avec les mêmes règles que les autres.
À chaque fois qu’il prend la « bonne » décision, on sent que c’est comme s’il se rebellait contre le système et qu’il s’inventait sa propre voie.
Une dark fantasy qui assume ses codes
Enfin, le point le plus important, selon moi, qui prouve qu’on est dans un roman de dark fantasy pur et dur, c’est la vengeance.
Dans n’importe quel roman, la vengeance n’apporte rien de bénéfique. Ici, Cellendhyll y trouve un accomplissement, et c’est bénéfique pour tout le monde, car cela retarde une guerre. La vengeance lui permet de s’apaiser, de s’alléger d’un poids. Quand il l’a assouvie, il se rend compte qu’il a le choix et renonce à la Lumière, qui ne correspond plus à son idéal.
Le Chaos correspondra-t-il à sa vision du monde ? On le saura dans le prochain tome.
Références et inspirations
Ce roman coche toutes les cases de la dark fantasy, et cela n’est pas un hasard. On sent que Michel Robert a beaucoup lu, et voici quelques références évidentes :
- La Compagnie Noire de Glen Cook, pour les dilemmes moraux.
- Elric de Melniboné de Michael Moorcock, pour la mélancolie et l’anti-héros torturé.
- Donjons & Dragons, pour la structure narrative et les combats.
- Les Légendes de Drizzt de R.A. Salvatore, pour le style de combat et l’évolution du personnage.
Conclusion
Ai-je aimé ce premier tome ? Oui, même s’il gratouille un peu. Il annonce un univers très riche et très ambitieux, qui respecte tous les codes de la dark fantasy. J’aimerais poursuivre cette saga pour voir comment l’auteur va évoluer, mais aussi comment Cellendhyll lui-même va changer.
On se retrouve bientôt pour la suite !
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