
Titre : Le Dieu de New York
Auteur : Lyndsay Faye
Saga : Timothy Wilde
Numéro de tome : 1
Maison d’édition : Poket
Genre : Thriller historique
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Un jour, je discutais de livres – Oui, je suis sûre que cela vous étonne – et on m’a parlé du Dieu de New York de Lyndsay Faye en me disant cette association de mots magique : thriller historique. Il était évident que j’allais me le procurer direct ! Quelques semaines plus tard, je vois ce titre sur ma liseuse et là… Pas moyen de me rappeler pourquoi je l’ai, le titre ne me rappelant absolument rien et, surtout, qui me l’avait conseillé. C’est un peu comme se réveiller à côté d’un inconnu : une fois que l’on s’est assuré que l’on a passé la nuit en toute sécurité, il est temps de se rappeler comment on en est arrivé là. Quand Yannick m’a rappelé que c’était lui qui m’avait conseillé ce livre, j’en avais déjà lu plus de la moitié, j’étais complètement conquise et ne regrettais aucune seconde de ma lecture. Et on a beaucoup ri à ce sujet, évidemment.
Lindsay Faye, c’est une autrice sur laquelle on peut compter parce qu’elle s’appuie sur des sources historiques solides. Elle est même plutôt renommée pour cela. Et elle a le chic pour trouver un événement marquant. Ici, c’est la fondation de la NYPD avec une intrigue que nous connaissons toutes et tous dans le sens où elle rappelle fortement une autre série de meurtres : celle de Jack l’Éventreur. Pour vous montrer à quel point ce roman est génial, il va nous falloir explorer le contexte historique, bien entendu, car il est extrêmement fourni. Sauf que cela ne suffit pas pour faire un bon roman : il faut aussi des personnages forts, des thèmes qui font toujours écho et, bien entendu, ajouter le grain de sel de l’autrice. Laissez-moi vous embarquer en 1845 à New York !
Parce qu’en 1845, New York est une véritable poudrière. La ville a tenté de mettre en place un système de police, mais la corruption est tellement implantée que cela échoue, faisant de New York une des dernières métropoles sans réel service de police. Qui plus est, il y a eu un problème dans la production de pommes de terre en Irlande, ce qui a entraîné plusieurs famines. Beaucoup d’Irlandais décident de tout quitter pour les États-Unis. Or, les Irlandais sont catholiques et non protestants, ce qui va provoquer des tensions religieuses au sein de la ville, déjà aux prises avec les tensions raciales toujours présentes à cette époque.
On a donc une population new-yorkaise très xénophobe qui a l’habitude de régler ses affaires par elle-même. Autant vous dire que la criminalité et la pauvreté sont bien élevées. La géographie n’est pas la même non plus, car Harlem est encore une zone agricole, par exemple. Les maisons sont aussi majoritairement en bois et ni l’eau courante ni les égouts ne sont totalement installés. C’est un nid à incendies et à maladies. Maintenant, imaginez qu’on est à quelques semaines d’une élection municipale et qu’on découvre plusieurs cadavres d’enfants prostitués.
Il ne faut pas se leurrer, vous allez apprendre plein de choses ici. Comment fonctionnent l’organisation des pompiers, la gestion des maisons de passe, comment tricher aux élections, comment on gère les épidémies aussi. Et surtout, comment sont formés les premiers policiers, c’est-à-dire pas beaucoup, quelles sont leurs routines et les premiers pas d’un boulot d’enquêteur. Je sais ce que vous vous dites, cela fait beaucoup d’informations à ingérer, mais on en reparlera quand on abordera les petits tips de l’autrice. Tout ce que je peux vous dire présentement, c’est que tous ces éléments vont être très importants pour vous immerger totalement dans l’intrigue.
Une fois dans cette ambiance, vous entrez en contact avec notre protagoniste principal : Timothy Wilde. On sait au début que c’est un policier, que c’est lui qui a mené l’enquête et qu’il déteste écrire les rapports de police, car cela dénature toute l’histoire. Et je trouve qu’il a raison, car le plus important dans ce roman, ce n’est pas cette enquête, c’est tout ce qu’il y a autour. Tim est barman et il est assez physionomiste. On sait qu’il a perdu ses parents dans un incendie et qu’il a été élevé par son grand frère Valentin, qui est pompier, homme politique et qui se drogue depuis le décès des parents. Et Tim, il est amoureux de Merry et économise tout ce qu’il peut pour lui faire une demande en mariage. Sauf qu’il y a un incendie dans le quartier, que son pécule s’est envolé et qu’il se réveille totalement défiguré. Son frère participe à la création de la NYPD et il fait embaucher Tim. Ce que les deux ne savent pas, c’est que Tim va apprécier ce travail, bien que, le jour où il se fait percuter par Bird, une toute jeune prostituée couverte de sang, l’enquête soit horrible et qu’il soit sur le point de démissionner. Mais Tim va découvrir le métier d’enquêteur et le fait d’appartenir à un corps de métier. Et c’est bien tous ces sujets, tous ces personnages qui sont intéressants dans ce roman, ce qui est une belle prestation de l’autrice puisque l’enquête en elle-même est déjà passionnante.
Parce qu’avec ce contexte historique-là et des personnages bien travaillés, ce thriller va soulever des thèmes forts. Déjà, ceux qui sont intrinsèquement liés à l’époque : la corruption qui règne à New York et les problèmes sociaux qui gangrènent la ville. Il y a le problème de l’immigration, car la population irlandaise est très mal vue. Il y a déjà la religion, mais surtout, c’est une population pauvre. Les New-Yorkais pur souche considèrent que cette population nuit à la ville, et ce sont des sujets qui parlent encore aujourd’hui. Les Irlandais se retrouvent avec des emplois mal payés et sont logés dans des quartiers insalubres, alimentant une part de la criminalité, mais constituant une réserve sans fin pour les effectifs de cette nouvelle police. On va découvrir aussi la condition des enfants des rues qui tombent souvent dans la prostitution, mais aussi les différentes épidémies qui sévissent. Enfin, on découvre les manœuvres politiques qui sont en jeu derrière la création de cette police. Et Timothy va devoir naviguer au milieu de tout cela pour tenter de résoudre cette enquête. C’est exactement ce qu’il disait, au final : Cette histoire est bien plus qu’un rapport de police.
Enfin, on y retrouve aussi des thèmes toujours aussi actuels. La condition de la femme, pour commencer, où l’on voit des personnages féminins qui doivent se battre pour se tailler une place dans la société. Il y a aussi toutes les manipulations politiques pour s’approprier les résultats de cette affaire, car ces meurtres ont lieu la veille d’une élection municipale, donc le résultat importe ! Et si l’on regarde l’actualité, on voit bien que ce sont des sujets qui transcendent le temps. Ce roman cherche à nous montrer tout cela à travers ce prisme historique.
Vous ne serez pas surpris de découvrir que j’ai beaucoup aimé Le Dieu de New York et j’ai découvert qu’il y avait une suite, une deuxième enquête de Timothy Wilde, que je pense bientôt lire, car j’ai hâte de voir comment cet homme va évoluer et comment son métier d’enquêteur va continuer à se construire. Et surtout, ce roman suscite de la curiosité envers une autre époque pour mieux comprendre la nôtre. Ce n’est pas qu’un thriller, cette histoire, c’est un voyage dans le temps mais aussi dans les méandres de la psyché humaine. À très vite pour la suite.
Si vous avez aimé ce livre, je pourrais vous conseiller :
- « Le Diable tout le temps » – Donald Ray Pollock
- « Le sang noir du secret » – Lyndsay Faye
- « Le Chuchoteur » – Donato Carrisi
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