
Titre : Les chevaliers de Sombrecoeur
Auteur : Laure Eve
Saga : Les Chevaliers de Sombrecoeur
Numéro de tome : 1
Maison d’édition : De Saxus
Genre : Science-Fiction
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C’était mon anniversaire et il se trouve que j’ai reçu un livre en cadeau de la part de mon compagnon. Je pense qu’il a un jeu, dans sa tête, dans le sens où il prend toujours un livre pour moi, mais pas pour son résumé : juste parce que le titre l’a interpellé ou que la couverture l’a fait rire. Eh bien, il y avait un chevalier sur une moto. Et c’est ainsi que j’ai eu entre les mains Les Chevaliers du Sombrecœur de Laure Eve, publié aux éditions De Saxus.
C’est une « réécriture » de l’histoire du roi Arthur dans un Londres alternatif où des chevaliers se déplacent à moto et se battent dans une arène. Je sais aussi que Laure Eve a l’habitude d’écrire pour les adolescents et que c’est son premier roman pour adultes. Et je dois dire que j’y ai trouvé de très bonnes idées, même si elles ne sont pas toutes abouties. Est-ce parce que je suis totalement sortie de ma zone de confort ? Ou est-ce l’autrice qui en est sortie ? C’est ce qu’on va analyser ici.
Un Londres alternatif : un cadre original mais pas assez exploité
Allons voir du côté du cadre : nous sommes dans un Londres moderne et alternatif où la monnaie est l’électricité. C’est une bonne idée, puisque l’énergie est électrique. Et les chevaliers se déplacent en moto. Le reste du monde se déplace en métro ou en taxi, je crois. J’ai eu du mal, j’avoue, à le discerner, car beaucoup de scènes se situent à l’intérieur : au palais, dans les arènes, dans les écoles, avec seulement quelques passages en ville. Cela dit, si l’autrice avait fait un point « spécial transport », cela aurait peut-être rallongé la sauce inutilement. Mais peut-être que cet aspect sera développé dans le deuxième tome, qui sait ?
Je pense que ce Londres est très proche du nôtre, mais j’aurais peut-être aimé avoir une carte, pour le coup, alors que je ne suis pas très « cartes » de base. On apprend dès les premières pages que le jeune Art est le fils naturel du roi de Londres et que ce roi vient de mourir, que sa vie va changer et qu’il devra se mêler de politique, que certaines questions seront tranchées par duel par son chevalier lige. Mais il n’y a pas vraiment d’indications sur comment cela se passe. Et je le répète, l’idée de base est très bonne, mais j’aurais aimé voir le roi plus en action, voir les changements qu’il a pu apporter à la ville.
Un univers magique mais flou
Il y a aussi une petite chose qui me chiffonne : la magie. On sait qu’elle est très réglementée, mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Et on rencontre très vite des personnes qui ont le don de magie, sans voir de vraies contraintes pour elles. Alors oui, on sent la différence entre celleux qui ont le don et ceux qui ne l’ont pas, mais ils semblent relativement bien intégrés, en fait.
Comme vous le voyez, l’univers est vraiment pas mal, mais il manque encore quelques éléments pour être pleinement abouti.
Une narration en puzzle, une immersion compliquée
Concernant la forme, on a une alternance entre deux personnages : Art, le roi, et Red, une nouvelle chevalière. Et c’est pas mal, car cela permet une alternance de points de vue. Mais les deux personnages ne se croisent quasiment pas.
En plus de cela, il y a une alternance temporelle constante. C’est bien fait, mais j’avoue que parfois, j’avais l’impression qu’on m’imposait un puzzle sans que cela soit nécessaire. Cela ne m’a pas aidée à m’ancrer dans le récit et m’a donné l’impression de rester en surface. Je serais très curieuse de voir si c’est une manière d’écrire propre à l’autrice ou si elle a tenté un nouveau procédé ici.
Parce qu’en fait, l’histoire du roi Arthur, on la connaît dans les grandes lignes. Et ce premier tome la suit assez fidèlement, donc le mystère n’était pas là. C’est pour cela que je dis que l’autrice et moi, on s’est loupées : je savais très bien où elle allait, mais je n’ai pas vraiment compris le chemin qu’elle voulait que je prenne.
Cela dit, l’écriture est fluide et agréable. On sent la qualité de base.
Des personnages intéressants mais qui manquent d’impact
Peut-être que du côté des personnages, alors ? Je dois vous avouer que ce n’est pas gagné non plus. Déjà, le roi Arthur n’est pas mon personnage préféré de la légende arthurienne. Sauf peut-être dans la série Kaamelott, mais c’est un autre débat.
Dans les écrits, je trouve que le roi Arthur est un personnage très effacé. C’est un catalyseur, et c’est tout. Sauf qu’ici, le roi Art aurait peut-être mérité une meilleure empreinte. Alors oui, il a des doutes et tente de faire au mieux, mais quel est son but ? Car dans cet univers, il n’y a pas de Graal. Et rien pour compenser son absence. J’aurais peut-être apprécié un roi plus sombre, je ne sais pas.
Quant à Red, son identité est secrète et elle doit à tout prix cacher ses objectifs. Au point que nous-mêmes, on ne les comprend pas si bien. Enfin, si… mais de mon côté, l’empathie n’était pas là.
Des points très réussis malgré tout
Le récit se tient, la lecture s’est bien passée, mais… il manque des choses.
Par contre, l’autrice a réussi de très belles choses ! La plus grande, c’est l’écriture inclusive poussée très haut. Nous avons ici plein de genres et cela m’a aussi permis de faire le point sur l’écriture inclusive et de faire des recherches. Ce qui fait que oui, on en reparlera.
De même, il y a une chose que j’ai adorée : lorsque l’autrice décrit un nouveau personnage, elle le genre au neutre tant que ce personnage n’a pas lui-même défini son genre. Et ça, j’ai vraiment beaucoup aimé.
En parallèle, il y a de la romance dans ce récit. Et, lorsque Red découvre qu’une de ses relations devient toxique, elle la cesse. Tout simplement. Et cela n’en fait pas tout un drame. Elle en discute même librement avec un de ses formateurs, sans gêne, juste avec de l’analyse. Tous ces éléments-là, j’aimerais vraiment les voir plus souvent dans les livres.
Alors, verdict ?
Est-ce que j’ai aimé ce roman ? Pas tant que cela. Mais je ne l’ai pas détesté non plus. Je pense ne pas être le public cible, tout simplement. J’aime quand on va dans le détail.
Par contre, ce livre reste à disposition pour mes deux fils, qui sont jeunes adultes. Ils savent que s’ils veulent le lire, c’est un peu leur fenêtre. Donc tentez le coup si vous êtes curieux. Mais prenez-le dans l’optique de vous détendre avec un livre d’action, tout simplement.
Pour celleux qui aiment le cycle Arthurien, voici trois autres recommandations
- Le Cycle de Pendragon – Bernard Cornwell
- Codex Merlin – Robert Holdstock
- Trois coracles annonçaient le couchant – Alex Nikolavitch
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