
Il y a des bouquins qui marquent votre imaginaire. Vous vous disiez que cela n’existait pas forcément. Pas à ce point là. Et c’est comme cela qu’en discutant un peu autours de vous, on vous dit qu’en fait, cela existe. Et c’est Gidéon la neuvième de Tamsyn Muir. et c’est paru chez Actes Sud. On est dans un empire interstellaire, dirigé par une sorte d’empereur immortel et promis, vous n’êtes pas dans Warhammer 40K On suit Gidéon Nav, une orpheline qui est élevée dans la sinistre neuvième maison. Elle rêve d’échapper à cette planète pour rejoindre l’armée. Mais la nécromancienne Harrow la force à devenir son épéiste personnelle dans une épreuve organisée par l’Empereur; Sauf que sur la planète où elles débarquent, après avoir résolu une ou deux épreuves, un meurtre est commis. Et de science-fiction, fantasy, on passe à un huis clos.
Gidéon a été écrit pas une autrice du nom de Tamsyn Muir. Elle est née en 1985 et elle est Néo-Zélandaise. Au départ, elle n’était pas destinée à l’écriture puisqu’elle a obtenu un diplôme en éducation en 2010 mais voilà, la même année, elle fait un stage d’écriture spécialisé pour la science-fiction et la Fantasy. La saga du Tombeau Scellé, c’est son œuvre, pour le moment. Et c’est un univers qui mêle la science-fiction, la fantasy, l’horreur avec beaucoup d’humour noir. Son petit plus, c’est que les personnages, même sec ondaires sont très travaillés. Pour le moment, on a Gidéon la neuvième, le premier tome. Suivi de Harrow la Neuvième pour terminer par Nona la Neuxième parue en 2022. La quatrième tome est annoncé mais pas encore publié. Elle travaille maintenant et vit à Oxford, au Royaume Uni.
Pourquoi ce livre est considéré comme un OVNI ? Et bien le ton est totalement décalé. On est sur du gothique très sombre, dans un environnement très religieux, très solennel avec des gros enjeux galactiques. Sauf que la narratrice, c’est Gidéon qui est une soldate lambda qui préfère astiquer son épée et regarder des livres pornos. Gidéon prend par sa narration les caractéristiques typiquement masculins, sans les grands idéaux de fantasy en même temps. C’est à la fois anachronique et cela bouscule la vision féminine d’une héroïne. Et pas que cela en fait, puisque l’autrice nous mélange trois genres littéraires dans la même histoire :
- de la SF spatiale puisqu’on a neuf maisons qui sont sur des planètes différentes.
- De la fantasy nécromantique mais qui ici sert de carburant pour de la technologie.
- Un mystère en huis clos.
- Et le petit plus, on a aussi un roman assez gothique et queer en même temps.
Et pourtant, on va à la fois rire, explorer des relations de manière très profondes et en prime, on va parler d’idéaux de fantasy comme la loyauté, l’initiation. C’est simple, dès que vous commencez à caser ce livre dans une case, l’autrice vous démontre qu’il n’y entrera pas. Mais si vous voulez, on peut essayer.
On est dans un univers de Science-Fiction. La première scène, c’est bien Gidéon qui attend une navette spatiale pour quitter la planète de la neuvième maison. Sauf que le carburant, ce n’est pas de l’essence mais bien le traitement d’âmes. Et pareil, les serviteurs ne sont pas des robots comme beaucoup de romans de SF mais des squelettes. Pareil, les épreuves qu’on voit sont quasiment toutes dans des laboratoires scientifiques mais il faut ce que l’on comprend être de la magie nécromantique pour y arriver. Gidéon se bat à l’épée et non avec un pistolet par exemple. Et tous les métaux semblent être recyclés sur des armes antérieures. On peut contacter d’autres planètes par défauts mais on aura plus vite fait d’obtenir des renseignements en pratiquant un sort sur une goutte de sang. Le progrès technologique n’est plus scientifique, il en devient mystique en fait. Donc est ce encore de la Science Fiction ou alors de la fantasy ?
Et bien, on a un parcours initiatique avec des épreuves. On est dans une sorte de compétitions entre magiciens et le vainqueur deviendra un Lyctaire. Chaque mage a un champion pour le défendre aussi. Et le lien entre mage et champ ion est très ritualisé; On a une quête de pouvoir en fait. Et c’est vraiment un truc que l’on voit en fantasy. Mais là aussi, le genre est détourné. Franchement, ne prenez pas Harrow, la mage de Gidéon pour une sage. Elle tente de tuer Gidéon très régulièrement pendant les épreuves. Et si elle pouvait éliminer tout le monde et pas à la loyale, elle le ferait. On ne sait jamais si elle dit la vérité ou non non plus. D’ailleurs, Gidéon ne connaît pas les enjeux pour devenir Première cavalière de Harrow et elle lui force la main. De plus, Harrow ne fait pas ces épreuves pour l’élévation de l’esprit mais on ne sait pas bien si c’est une quête de savoir ultime ou tout simplement pour sauver sa maison. Dès que vous pensez Fantasy, l’autrice va vous dégommer les idées reçues à ce sujet.
Un roman gothique alors ? C’est vrai qu’avec la nécromancie, on est bien dedans. Et puis le lieu de l’épreuve est un château un peu bizarre et décrépis. Il y a des esprits partout, les serviteurs sont des squelettes ambulants et il y a évidemment des pièces où on ne peut pas entrer sans résoudre des énigmes. Il y a une certaines fascination pour la mort en fait dans ce roman puisque la mort elle même des personnes devient un carburant. Chaque maison réagit un peu comme un couvent mortuaire et tout le monde est ultra méfiant vis à vis de l’autre. Et pourtant, pour s’en sortir, il va peut être bien falloir s’allier. Sauf que Gidéon, elle casse le côté couvent mortuaire, elle sympathise avec des gens et elle plaisante même avec les jeunes. Elle préfère lire et tenir compagnie à une malade plutôt que d’aller courir tout le temps après Harrow et l’aider.
En fait, ce roman, c’est un peu le corps de la créature de Frankenstein. L’autrice a pris des bouts qu’elle aimait dans un genre ou dans l’autre et elle nous a refait un roman. Et chaque genre mange l’autre pour rester un peu sur le thème de la nécromancie. Cela en devient harmonieux, très facile à lire puisque c’est un véritable page turner mais votre esprit se demande quand même tout du long ce qui ne va pas. Parce que l’histoire, c’est aussi un huis clos et dedans, il y a un meurtrier qui cette fois ci ne s’en prend pas forcément aux personnes lambdas mais bien aux mages et à leurs chevaliers. Et dans quel but ? C’est ça le vrai moteur du roman en fait. Parce qu’on a bien une quête principale qui est de réussir les épreuves. Et on ne peut pas quitter ce lieux sans cela. Et avec ces meurtres, on a une certaine tension psychologique qui nous pousse à être toujours en alerte.
Et le ciment de tout cela, c’est la relation entre Harrow et Gidéon. On sait qu’elles ont été élevées ensemble mais on ne sait jamais si elles s’apprécient puisque si elles pouvaient s’éliminer, elles le pourraient. Et pourtant, elles se surnomment patate très régulièrement. Chaque épreuve les amène à se raconter un secret. Et chaque secret révélé donne une autre vision de leur relation. Cette quête en devient totalement existentielle en fait. Ces deux héroïnes, de plus, ne sont pas transformées par ces épreuves, elles se révèlent l’une à l’autre. Elles se mettent à nu. C’est en s’acceptant mutuellement qu’elles y arriveront et c’est peut être bien cela le message fort de ce bouquin.
Et tout cela dans un univers hyper malsain car c’est un monde de morts. Apparemment, l’empereur est lui même un être ressuscité. On utilise la génétique mais aussi la nécromancie pour composer la population des différentes planètes. La neuvième planète n’est qu’un tombeau, d’où le nom de la saga. Alors que les autres maison ont un rôle plus politique d’ailleurs. Cela fait que Harrow et Gidéon sont mise à l’écart. Elles font peur aux autres par la réputation de leur maison sans que Gidéon ne s’en rende entièrement compte de suite car elle est née là bas. De même, Gidéon et Harrow ne comprennent pas l’Empire car elles sont totalement ostracisées. Et nous, on se rend compte que pour les autres, ce sont des fanatiques religieuses. Alors que, lorsqu’on connaît Gidéon, elle est tout sauf cela. C’est une punk.
Aussi, que lire après Gidéon la neuvième ?
- Le livre de M de Peng Sheperd pour le côté un peu SF Mystique
- Harrow la neuvième de Tamsyn Muir car je veux savoir la suite !
- Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour pour cette vision de l’immortalité
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