
Titre : Garçonnes, les autrices oubliées des années folles
Auteur : Trina Robbins
Traduction : Marie-Paule Noël
Maison d’édition : Bliss
Genre : Histoire
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Il fallait que je vous recommande en premier une belle bande dessinée. Que ce soit dans l’objet en lui-même, parce que j’aime vraiment offrir ce genre de titres, mais surtout parce que cette bande dessinée a pour moi une histoire. Une belle histoire de femmes, bien entendu. Et ce livre, c’est Garçonnes : les autrices oubliées des années folles écrites par Trina Robbins, traduite par la merveilleuse Marie-Paule Noël et publiée aux éditions Bliss. Cette bande dessinée, c’est le moyen pour vous de découvrir les Années folles sous le prisme de dessinatrices dans les années folles. Parce que oui, étonnez-vous, les femmes ont toujours eu du talent dans la bande dessinée et elles ont toujours trouvé un moyen de se faire publier.
Et pour comprendre un peu cette bande dessinée, il faut qu’on parle de celles qui nous l’ont fait parvenir. Trina Robbins, elle est née le 17 août 1938 à Brooklyn et elle est décédée le 10 avril 2024, soit en suivant le processus de traduction et de publication en France. Trina, c’est une autrice de bande dessinée et oui, c’est aussi une historienne de la bande dessinée. Et c’est aussi une militante féministe américaine. Elle aime officier dans les comix féministe dans les années 60, puis passe à la Science-Fiction dans les années 80, pour ensuite scénariser deux séries jeunesse dans les années 2000 : Go Girl ! Et Chicagoland. Elle a aussi écrit plusieurs histoires de Wonder Woman, une biographie de Lily Renée et une série policière. Depuis les années 1970, elle joue un rôle important pour améliorer la place des femmes dans la Bande Dessinée et elle a publié une dizaine d’ouvrages sur les femmes dans la bande dessinée américaine. Par contre, traquez ses œuvres car elle est très peu souvent traduite en France.
Trina Robbins, elle me parle dans son histoire car depuis des dizaines d’années, elle observe le monde de la bande dessinée et le constat est là : c’est un boy’s club. Et la représentation des femmes dans la bande dessinée reste très mysogine. Et si le milieu des comics et de la bande dessinée offre une certaine présence d’héroïnes féminines, et bien, très peu d’éditeurs grands publics travaillent avec des femmes. Et quand bien même il y a des femmes dans le milieu, le grand public n’en parle pas. Alors elle, elle fait le boulot. Dès 1983, elle écrit avec Catherine Yronwode Women and the Comics et elle continuera à mener ce type d’ouvrages jusqu’à ce qu’on a eu entre nos mains Garçonnes : les autrices oubliées des années folles.
Enfin dans nos mains… Dans des mains américaines. Mais pour les Françaises… Et bien, nous avons la chance d’avoir une championne de la traduction, une guerrière du féministe et une véritable fouineuse de recherche dans l’histoire des femmes oubliées. Et à titre personnel, j’aimerais un jour me faire une sonnerie de téléphone avec Marie-Paule qui scande : « Cramez les tous ! » Et si vous vous posez la question, oui, j’ai eu la chance de participer avec elle au Coin lecture du Coin Pop et si maintenant je fais attention aux autrices que je lis, aux traductions et peut-être bien une propension un peu plus grande à lire du True Crime. C’est bien grâce à Marie-Paule. Suivez cette femme, elle roule du poney à paillettes. Mais concernant Garçonnes, Marie-Paule s’est surtout associée avec Bliss pour pouvoir traduire ce livre et l’éditer. Elle est aussi présidente cette année du festival BD de Perros-Guirec qui se déroulera les 25 et 26 Avril 2026 et vous pourrez aussi la chercher dans les articles du Collectif Georgette Sand dont je ne vous parlerai jamais assez du livre Ni vues ni connues.
Et garçonnes, alors ? Cela raconte quoi ? Eh bien, cette bande dessinée va vous présenter six autrices de bande dessinée des années folles. Et si jamais vous osez ne pas offrir ce livre à Noël, laissez-moi vous parler d’elles : Nell Brinkley, Eleanor Schorer, Edith Stevens, Ethel Hays, Fay King et Virginia Huget. Avouez, vous n’avez aucune idée de qui elles sont. Parce que pour moi non plus, en fait.
Nell Brinkley, elle est née en 1886 à Edgewater dans l’état du Colorado. A 16 ans, elle est engagée par le Denver Post avec un salaire de 7 dollars par semaine. Sa plus grande création, ce sont les Brinkley Girls mais elle a fait des séries : Golden Eyes et Her Hero, Bill, Kathleen and the Great Secret, Betty en Billy and theil Love Trough the Ages et What Went Wrong with love ? Son style, c’est de l’art nouveau. Elle a le trait assez fin et ses dessins pourraient totalement vous faire quelques affiches chez vous. Elle met en scène des héroïnes qui vivent des aventures extraordinaires et si maintenant les Brinkley Girls ont été effacées de l’Histoire, et bien le trait de Nell a influencé le féminisme de l’époque. Elle parle du travail des femmes, du sport, du droit de vote de celles-ci. Et surtout, elle a influencé beaucoup d’articles féminins jusqu’à Trina Robbins bien évidemment.
Eleanor Schrorer, elle, a office au New York Evening World. En 1911, elle faisait déjà des illustrations de mode pour le journal. Et elle grimpe les échelons au fur et à mesure des années. Elle a aussi fait une série qui s’appelle : Getting Ahead as a business Girl, qui est une compilation de biographies sous forme de bandes dessinées de femmes entrepreneurs à succès. Ses dessins, on dirait des gravures qui montrent des femmes pirates, des sorcières et autres.
Edith Stevens, elle a été publiée au Boston Post dans les années 1920 mais aussi au Boston Globe jusque dans les années 1960. Elle a publié une série qui s’appelle As Us Girls qui est parue 6 jours par semaine pendant 30 ans. Elle a publié plus de 10 000 dessins animés. Ses dessins ressemblent vraiment à du comic strip qu’on peut lire sans se lasser au coin du journal. Et c’est bourré d’humour.
Passons aussi à Ethel Hays qui est une dessinatrice de comics américaine. Elle est engagée comme illustratrice au Cleveland Press à partir de 1923 et surtout, elle est arrivée à maintenir sa production après la naissance de ses filles. On reste dans du noir et blanc en majorité mais il y a aussi quelques parutions en couleur.
Fay Kings, elle est illustratrice de presse et auteure de comics aussi. En 1925, elle crée le comic strip Girls Will be Girls. Elle donne beaucoup de sa vie dans ses travaux et diffuse ainsi ses opinions aussi.
Virginia Huguet est née en 1899 en Louisiane. Elle a beaucoup fait dans de la publicité mais elle montre surtout que, même en parlant de bas filés et autres articles dits féminins et traditionnels, elle donne une vision surtout plus active de la femme.
Je vous ai parlé de toutes ces femmes. Alors, quel intérêt de prendre le livre. Eh bien, j’ai fait l’exercice de chercher par moi-même les informations sur ces femmes sur internet. Et c’était bien parfois une galère, il faut l’avouer. Juste pour que vous puissiez découvrir la version de leur vie par Trina Robbins. Et surtout, allez voir leurs dessins dans Garçonnes. C’est tout une capsule temporelle qui a été vraiment bien retravaillée pour que ces planches vous paraissent vraiment éditées en France à l’époque (Merci Marie-Paule). Alors oui, peut-être que pour vous, parler de modes, de coupes de cheveux, de longueurs de jupes, cela peut vous paraître frivole en fait. Mais figurez-vous que dans les années 20, c’était déjà une bataille en soi. Et surtout, quand vous feuilletez un peu ces planches, vous faites revivre un peu ces femmes dont on n’entend pas parler. Ces femmes qu’on efface régulièrement. Et dans un contexte actuel où on se dit que les fêtes de Noël sont trop commerciales, trop formatées, rebellez-vous un petit peu et mettez en valeur ces femmes sous votre sapin. C’est réellement un objet livre avec des recherches et un travail incroyable sur le dessin. Je l’ai depuis sa diffusion en France et je peux vous dire que je le relis encore avec plaisir.
Que mettre sous le sapin après Garçonnes : les autrices oubliées des années folles de Trina Robbins ?
- Pour continuer à mettre en valeur des femmes dans l’Histoire : Il y a eu la version augmentée de l’Histoire de France au féminin de Sandrine Mirza et Illustrée par Blanche Sabbah. Parfait pour les enfants et les jeunes adolescents car cette bande dessinée montre le dialogue entre une grand-mère et deux de ses petits-enfants qui montre le destin des femmes dans toute l’Histoire de France. Cela débunkera pas mal de vos préjugés, je pense.
- Si vous avez envie de rester dans une ambiance New Yorkaise dans les années 20, sautez sur Queenie, la marraine de Harlem écrite par Elizabeth Colomba et traduite par Aurélie Levy qui vous raconte l’histoire de Stéphanie St Clair, une marraine. Car oui, des femmes ont dirigé aussi la pègre à New York. A la différence que Queenie a aussi œuvré pour protéger les habitants de son quartier et elle a mis en valeur quelques musiciens de jazz de l’époque.
- Enfin, pour voir que les ouvrières aussi roxaient du poney à paillettes, n’hésitez pas à vous procurer Radium Girls de Cy qui raconte l’histoire de Edna Bolz, une jeune ouvrière qui apprend le métier de peindre des cadres à l’aide d’une peinture au radium. On raconte leurs combats pour se soigner ensuite.
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